Notre enquête sur la scolarisation des enfants porteurs d’un handicap en Gironde part d’un constat : ces derniers peinent à trouver un établissement adapté lorsqu’ils habitent loin de certaines zones. S’ajoute à cela l’hypothèse selon laquelle les difficultés augmentent avec l’âge et le parcours scolaire. Les données collectées, ainsi que plusieurs interviews, nous ont aidés à expliciter et nuancer ces intuitions.
Collecte de données
Nous nous sommes intéressés aux Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis), des classes qui existent dans le milieu scolaire ordinaire. En 2015, ces dernières ont remplacé les Classes pour l’inclusion scolaire (Clis) en école élémentaire et les UPI au collège et au lycée. Par définition, une classe Ulis accueille exclusivement des élèves handicapés à l’inverse des autres classes du milieu ordinaire.
La première étape a donc été de répertorier les Ulis de Gironde du premier et du second degrés. Nous avons trouvé une première liste sur l’annuaire de l’action sociale. Nous avons créé un premier jeu de données sur Google Spreadsheet avec le nombre d’établissements avec classe Ulis par commune. Par la suite, nous avons construit les différentes cartes pour constater la répartition.
Ce n’était pas fini. Pour savoir si oui ou non les disparités territoriales sont plus accrues pour les élèves handicapés que pour les valides, il nous a fallu répertorier l’ensemble des établissements publics du département. Pour cela, nous avons consulté le répertoire des établissements du premier et du second degré de l’année 2019-2020 publié par l’Académie de Bordeaux en données ouvertes.
Ce premier travail a permis de vérifier nos données de la liste des Ulis. Nous nous sommes aperçus que certains établissements manquaient. Il n’existait pas de tableau listant tous les établissements avec Ulis, nous avons donc compté un à un les collèges et les lycées qui avaient une ou plusieurs classes de ce type. Avec cette nouvelle liste, nous avons créé un nouveau jeu de données du nombre d’établissements publics avec Ulis par communes et de nouvelles cartes à l’aide de datawrapper.
Pour les 904 établissements du premier degré, nous avons récupéré le tableau à partir d’un document en format PDF. Cependant, il n’existait pas de liste détaillée avec les classes Ulis. Pour le premier degré nous avons donc choisi de conserver la liste trouvée sur l’annuaire de l’action sociale. Cette dernière est peut-être incomplète.
Limites et difficultés rencontrées
Nous n’avons pas pu mettre la main sur toutes les données que nous souhaitions explorer. Par exemple, il n’existe a aucun décompte officiel des enfants handicapés non scolarisés. Seule une estimation remontant à 2016 était disponible. Elle ne prend pas en compte les enfants à domicile qui n’ont aucun accompagnement. Même chose pour le nombre total d’enfants handicapés. Seul le nombre de bénéficiaires de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) fait office de chiffre “officiel”.
Par ailleurs, de nombreuses données n’étaient pas disponibles en open data, notamment les enquêtes n°3, 12 et 32 du rapport MENESR-DEPP souvent reprises dans les publications des différents organismes. Nous avons donc navigué entre tous ces documents pour essayer de les centraliser et pouvoir les recouper. Ce fut notamment le cas pour déterminer l’évolution du nombre d’élèves en ULIS dans le public depuis 2015. Parfois, des données plus précises étaient disponibles pour l’ensemble de l’académie de Bordeaux et non pour le département de la Gironde uniquement.
Prise de contact
L’enquête s’est achevée en période de confinement, ce qui a joué sur la disponibilité des interlocuteurs. Beaucoup d’associations ou administrations fermées n’étaient pas en mesure de nous répondre. Certains ont pourtant permis à l’enquête de progresser : c’est le cas de l’Adapei (Association départementale de parents et d’amis des personnes handicapées mentales) dont le directeur général nous a mis en contact avec le parent d’un enfant concerné. Son interview est allée dans le sens de notre hypothèse de départ : scolariser un enfant porteur d’un handicap est un parcours du combattant. Ce parcours est d’ailleurs tributaire de la zone géographique dans laquelle l’enfant habite. Une deuxième interview a corroboré cette idée : celle d’une mère ayant pris l’initiative d’ouvrir son propre établissement. L’enquête était lancée.
Afin de laisser la place au contradictoire, nous avons joint le secrétariat général du rectorat de Bordeaux qui s’est dit dans l’impossibilité de répondre, au vu de la situation sanitaire et des priorités qui en découlent.
Contacts associatifs et familles : Jean-Baptiste Fauroux, directeur général de l’Adepei / Julie Millot, maman d’Arthur et membre de l’Adepei / Henriette Nény, directrice d’Ein gedi / Magali Pascaud, maman d’un enfant handicapé et institutrice dans une unité d’enseignement maternelle à Arcachon / Sandrine (prénom modifié), maman d’un enfant handicapé
Contacts institutionnels: Jean-Maurice Poupon, coordinateur pédagogique pôle AESH au rectorat de Bordeaux / Stéphanie Canteaut, conseillère pédagogique au pôle Ecole inclusive du rectorat de Bordeaux / Emmanuelle Cavan, enseignante spécialisée, référente scolarité et formation initiale à la MDPH de Gironde
Outils : Google spreadsheet ; Datawrapper ; Flourish ; Tabula
Équipe : Victoria Berthet, Jordan Dutrueux, Christophe Hosebian-Vartanian, Paul-Guillaume Ipo, Emilie Jullien, Mathilde Rezki, Thérèse Thibon